Homélie du 3 août 2003 - 18e DO

Travaillez! La Vraie Nourriture: croire en Celui qui est Le PAIN de VIE

par

fr. Bernard Autran

Jésus a multiplié les Pains pour soutenir les forces de la grande foule qui L’avait rejoint. Ils étaient comme des brebis sans berger. Il les a longuement nourris de Sa Parole. Puis, après les avoir fortifiés en leur cœur, Il l’a fait aussi pour leur corps, Il a multiplié le peu de Pain offert. Il a ainsi donné un Signe fort: le Temps du Messie était venu, les Promesses s’accomplissaient! Émerveillés, les gens ont voulu Le faire roi. C’est bien pour l’être qu’Il était venu, mais non à la manière dont ils s’attendaient! Il donne donc l’ordre de se disperser, fait rembarquer ses disciples qui n’étaient que trop prêts à profiter de l’occasion, devenir ses ministres! Puis Il Se retire seul sur la Montagne pour prier. C’est l’essentiel, ce profond Dialogue avec Son Père pour être avec Lui, Lui rendre grâces et trouver la note juste pour accomplir Son Œuvre de vie et de joie pour les hommes.

Les disciples ont peiné sur la mer. Lui les fortifie en leur faisant découvrir un nouvel aspect de Sa Puissance: Il les rejoint en marchant sur la mer! Maintenant, les voilà à Capharnaüm. Les gens L’y retrouvent et Lui demandent comment Il a pu S’y rendre. Mais le signe de la marche sur les eaux était pour les disciples, eux n’ont pas à le savoir. Ils ne l’apprendront que bien plus tard, après la Pentecôte. Donc Il refuse de leur répondre. Il ne va pas satisfaire leur curiosité mais les conduire à l’essentiel. Il a refusé de Se mettre à leur tête comme Roi. Il veut les acheminer à Le reconnaître un jour comme tel, mais à Sa manière à Lui!

En sa lettre aux Éphésiens, St Paul peut nous aider à comprendre. Il s’adressait à des païens convertis. Il leur demandait de ne plus se laisser guider par ce qu’il appelait le « néant »: Culte des idoles, mais surtout désirs bassement humains qui y était lié. Mais ces désirs trompeurs dont il parlait n’animaient-ils pas aussi les gens qui avaient bénéficié des Pains et des poissons? On le dit, quand à un sot, du doigt on montre la lune, il ne regarde que le doigt! Jésus leur reproche de n’avoir vu que la nourriture sans saisir ce qu’Il voulait leur faire comprendre. Eux se réjouissaient d’avoir trouvé un roi-magicien qui leur rendrait la vie facile. Lui les invite à travailler non pour la nourriture qui se perd, mais pour celle qui se garde jusqu’en Vie Éternelle!

Bien sûr, pour ces pauvres gens la nourriture est un souci permanent. Elle l’est encore aujourd’hui pour une grande partie de l’humanité, et même pour beaucoup en nos pays riches! Mais Jésus les appelle à regarder plus haut: si c’est la condition de notre nature humaine d’avoir à travailler pour satisfaire nos besoins essentiels, on mange pour vivre, on ne vit pas pour manger! Et notre existence est hantée par bien d’autres désirs dont certains sont légitimes, d’autres frelatés. On ne réalise ce dont Le Seigneur rêve pour nous dans Son amour, qu’en remettant ces désirs à leur vraie place. Ces biens pour lesquels nous travaillons, nous avons à en rendre grâces à Dieu dont nous les recevons, et à nos frères qui ont contribué à nous les obtenir. Leur utilité, en ce Merci de cœur et d’action, est de nous souder par un amour vrai et à Notre Père et à nos frères.

Ainsi notre vie prend son vrai sens lorsque, répondant à Son Appel, nous travaillons aux œuvres de Dieu, ce qui nous unit. Mais là Jésus surprend ses auditeurs lorsqu’Il leur dit: « L’Œuvre de Dieu, c’est que vous croyez en Celui qu’Il a envoyé! » Il renverse leur manière naturelle de penser qui est aussi la nôtre: la vie Éternelle n’est pas un bien à conquérir comme un avantage que l’on désire pour soi: on la reçoit de Celui qui, dans Son Amour, veut Se réjouir de nous en combler! Ainsi l’Œuvre de Dieu est de croire en Celui qu’Il a envoyé. « Croire », c’est Le recevoir pour ce qu’Il est, Le Fils de Dieu! Son immense Dimension, on ne commencera à la percevoir qu’après la Pentecôte. Nous y entrons en contemplant tout ce qu’Il a vécu en Sa Vie, Sa Mort, Sa Résurrection. Lui est tout accueil des Dons du Père, consacré à Son Service. Sa Puissance, Il ne S’en sert que pour son Œuvre, jamais à son avantage! Il Se donnera jusqu’à la mort, apparemment impuissant sur Sa Croix! Pénétrés de Son Esprit, en toutes nos activités, Il nous entraine après Lui à partager Son Amour passionné de Fils de Dieu, à chercher d’abord Son Royaume, puis Lui faire confiance pour le reste: cela ne sera que surcroit.

Les auditeurs sentent aussitôt qu’on affleure à un tout autre niveau! Jésus serait-Il un nouveau Moïse? Mais eux-mêmes ne perçoivent-ils pas la Manne comme simple nourriture de subsistance, non ce qui avait donné la force de vivre en Peuple de Dieu? Ils ne savent pas lire le miracle des Pains comme un Signe alors que cette largesse ne devait pas s’arrêter à l’avantage matériel! Ils voudraient un autre venu du ciel! De Signe il ne leur sera donné que celui de Jonas. Si Jésus va Se faire Le Pain de Vie, ce sera pour S’être donné jusqu’à la souffrance et la Mort. Ressuscité, Il sera pour toujours avec les siens! Il Sera pour eux Pain de Vie, leur fera vivre la Nouvelle Naissance à un Amour passionné. Ils auront découvert à quel point ils ont été aimés, ne vivront plus pour eux, mais malgré difficultés, épreuves, souffrances, se consacreront à en révéler la Joie à leurs frères. Elle sera tellement contagieuse qu’en quelques dizaines d’années, en bien des pays, nombreux seront ceux qui, en Le rencontrant dans la Prière comme Lui Son Père, auront trouvé la leur à vivre de Lui. Il aura été leur Pain de Vie, nourris de Lui, transfigurés, ils se donnés au service de leurs frères, même si cela leur a coûté bien cher.

Nous sommes aussi de leur race: il est au dessus de nos forces de trouver le vrai sens de notre vie en un amour vrai et efficace. Unis à Lui dans la prière, de toute notre Foi recevons Le. De Son Corps, Il veut nous nourrir de Son Amour de Fils de Dieu. Alors, Il nous aura vraiment fait travailler à Son Œuvre de Joie!

Et d’autres homélies…

«L’homme passe l’homme»

Ce n’est pas un scoop : l’Église n’est pas à l’aise avec le « transhumanisme », ce courant de pensée qui affirme qu’avec la technologie, ou pourra « transcender » la nature humaine, la dépasser, l’augmenter — voire s’en affranchir. Autrefois, c’était de la mythologie....

Arrière Satan!

Dans nos cathédrales on peut voir des représentations de ce qui relève de la foi, de la vie de l’Église et des saints. Souvent dans le porche d’entrée, des images donnent un aperçu de ces réalités. De même, dans les œuvres musicales classiques, dès les premières notes...

Le désert, pour quarante jours

Le désert, pour quarante jours. Le désert, et pas de dessert. Comme un tunnel, sans réseaux ni paysage, où l’on finit par ne plus savoir si l’on avance et où l’on va. Qu’aller donc faire dans la galère du désert ? Précisément le désert. Non pas une montagne, celle des...