Homélie du 29 mars 2002 - Vendredi Saint

Vendredi Saint

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Aujourd’hui, nous n’allons entendre que des cris, des déchirements, des pleurs, des coups sourds de masse qui s’écrasent sur la chair, des insultes, voire des maltraitances, et surtout ce grand silence, car le Verbe de Dieu, ne parle pas. Celui par qui tout a été fait se tait.

Devant ses agresseurs, ceux qui revendiquent, qui crient, ceux qui rient, qui pétitionnent pour un brigand, Barrabas, Il n’ouvre pas la bouche, insulté, il ne rend pas l’insulte, maltraité, il ne fait pas de menace. Le Verbe de Dieu ne commerce pas avec le mal. Lui qui est au-dessus de tout, qui vient de Dieu et retourne à Dieu, Lui qui a tout fait, ne peut entrer en relation avec ce qu’il ne connaît pas: le péché. Avec le mal, il ne discute pas mais Il le porte sur ses épaules, Il ne le regarde pas mais le traîne, le maîtrise et le détruit. Il n’aime pas le péché, et ce qu’il n’aime pas, il ne le regarde pas. Il ne regarde que ceux qu’il aime, les pécheurs.

Il aime Pilate, il essaie de faire germer en lui, ce qu’il peut y avoir de bon, mais le désir de pouvoir, la pression de la foule, rend aveugle le gouverneur qui ne peut reconnaître que la Vérité est en face de lui.: «Qu’est ce que la Vérité?» s’exclamera-t-il.

Jésus va mourir certes, Il le sait. En se taisant, il est exemplaire: Il meurt dignement, ses dispositions intérieures rendent sa mort éclatante aux yeux du monde. Il nous montre quel chemin suivre pour mourir, une acceptation, non pas un résignation. Dans sa Passion, le Verbe de Dieu nous apprend à mourir en silence.

Silence seulement… donc? Non, car le Seigneur nous aime et veut nous aimer jusqu’à la fin… c’est sa façon à lui de nous aimer: Il parle et cela est. Ainsi, le Verbe de Dieu sur la Croix va se remettre à parler. Du haut de la chaire de la Croix, Le Verbe de Dieu prêche, il crée et par lui tout est encore fait: Il attendit d’être sur Chaire de la Croix pour nous livrer son dernier testament. Hier, il nous laissait, le mémorial de la Charité, aujourd’hui, il nous donne les moyens de la vivre.

Dans l’Évangile de saint Jean, quatre paroles du Christ vont nous être livrées: «Voici ta Mère, voici ton Fils, J’ai soif, Tout est accompli»

 

«Voici ta Mère»,
Elle est debout près de la croix… Par son obéissance filiale, la Vierge Marie réalise le parcours de ceux ii veulent suivre le Christ, elle est un modèle. Par le don qu’elle fait au Père de son Fils, elle accomplit sa vie Fille de Dieu. C’était sa mission particulière, à elle: en devenant Mère du Fils, elle devenait fille de Dieu par: même Fils. Aujourd’hui debout, Marie offre son Fils au Père, dans cette même offrande que le Fils fait de lui-même. Tout converge vers la Croix et s’oriente vers le Père. Ainsi, pour la Vierge des Douleurs, sa vie filiale s’accomplit aujourd’hui au pied de la Croix… Sa maternité maintenant est autre, elle devient la mère de ceux qui suivent Jésus jusqu’au Golgotha au pied de la Croix: «Voici ton Fils».

Privilège du disciple Bien-Aimé, non! Mais chemin de ceux qui portent leur Croix et veulent la configurer à celle de Jésus Christ. Il appartient maintenant à la Mère, à l’Église d’éduquer ses enfants, de les ouvrir à la vie par les sacrements qui jaillissent de son cœur, de son Fils, et de tout mettre en œuvre pour en re des Fils de Dieu. Et Fils de Dieu nous le sommes, aujourd’hui par la Croix. Tout est accompli.

Le Fils nous donne aussi sa soif pour le salut du monde.

«J’ai soif»
Car oui, frères et sœurs, cette soif du Christ est toujours actuelle, elle est même nôtre. Tout est accompli, tout est en place pour que nous puissions devenir des enfants de Dieu, par celui par qui tout a été fait. Jésus nous demande de poser un acte de foi, Jésus à soif du salut du monde, mais il ne peut pas avoir soif à ma place, ici dans les ténèbres de nos vies, dans toutes ces croix que nous avons à porter, aujourd’hui, nous pouvons offrir au Seigneur, qui veut nous en décharger et il ouvre ses bras pour toutes les embrasser. Curieuse soif? Les croix ont un souvent goût de fiel, car elles sont le fruit de mon péché et du mal qui se déploie sur la terre et dont je ne suis pas toujours responsable. Mais il veux les porter gratuitement, afin que nous goûtions au lait et au miel. Puissent nos Croix se configurer à celle de Jésus. Avons-nous soif de cela?

Jésus est bien mort. Il meurt en ouvrant sa bouche créatrice, il meurt en ouvrant ses bras, il meurt en ouvrant son cœur. Il meurt car il veut nous redonner goût à la vie.
Alors âmes blessées, pleurons, oui, sur nos péchés, disons notre douleur, mais courons, sortons de notre martyre, hâtons-nous? ou ça, me direz-vous? au Golgotha, prenons les ailes de la foi fuyons! Où donc me direz-vous? À la colline de la croix. Là est notre salut.