Homélie du 29 mars 2015 - Rameaux
fr. Arnaud Blunat

Avant d’entendre le long récit de la Passion selon Saint Marc, il est bon que nous marquions une pause et méditions sur ces événements que nous célébrons. Nous avons célébré son entrée triomphale dans Jérusalem puis nous sommes entrés brusquement dans le climat de la passion. Quand Jésus entre dans Jérusalem, il sait que son heure est venue. Il sait que les Écritures s’accomplissent, que les prophéties d’Isaïe, de Jérémie se réalisent en sa personne. Jésus est entré dans sa passion sans se révolter, sans se résigner, comme le serviteur souffrant évoqué par Isaïe. Il a manifesté une force et un courage hors du commun. Il a voulu être obéissant et en faisant la volonté du Père. Il n’a pas eu peur d’aller au devant de sa passion, d’aller jusqu’au bout de ce que le Père lui a demandé. C’est pour tous les hommes qu’il a voulu livrer sa vie, par amour de chaque homme. Quand nous sommes entrés dans cette église, avions-nous conscience que nous étions engagés à suivre Jésus jusqu’au bout dans sa passion ? Sommes-nous de ceux qui étaient là pour la circonstance, et qui ont suivi les foules en liesse, l’espace d’un moment ? Sommes-nous de ses disciples qui iront un peu plus loin avec lui, mais qui risqueront de se décourager en prenant conscience de ce que nous sommes, de nos difficultés à persévérer sur ce chemin exigeant ? Serons-nous de ceux qui se tiendront tout près de la croix, au soir du Vendredi Saint, pour porter dans notre prière toute cette humanité souffrante, avec Marie et l’apôtre Jean ? Serons-nous présents au matin de Pâques avec les femmes venues au tombeau pour voir Jésus enseveli ? Serons-nous de ceux qui pourront témoigner de cette incroyable nouvelle de sa résurrection, qui oseront dire autour d’eux que le Christ est vraiment ressuscité pour tous les hommes, pour que nous ayons la vie en abondance et partagions un jour son bonheur éternel ?

Jésus a donné sa vie par amour et pour manifester la miséricorde qui jaillit du cœur de Dieu. Le Pape François a annoncé ces derniers jours une année, un jubilé de la miséricorde. C’est une grâce qui est faite pour toute l’Église et pour le monde entier. Retrouver le sens et le chemin de la miséricorde à cette occasion et en particulier pendant cette Semaine Sainte. Car Dieu ne cesse de nous appeler à lui, de nous inviter à nous tourner vers lui. Il ne désire qu’une seule chose : faire miséricorde à tous les hommes pécheurs, rassembler tous les hommes dispersés, divisés, éloignés, tous ceux qui ne le connaissent pas, qui l’ont oublié ou abandonné. Car son amour est sans limite. Il s’exprime de manière inconditionnelle pour tous ceux qui veulent bien l’accueillir et se laisser saisir par lui. Au cours de la semaine, nous pourrons encore recevoir le sacrement du pardon, le signe de la miséricorde de Dieu. Tous les baptisés sont invités à s’approcher de ce sacrement au moins une fois dans l’année, en à l’occasion de ces fêtes de Pâques. Les prêtres sont là pour vous, pour vous donner au nom du Seigneur, ce pardon qui libère et qui apporte la paix. Peut-être que parmi nous beaucoup ne se sont pas confessés depuis bien longtemps et ne voient pas comment revenir, ni que dire au prêtre ? Ils continueront alors à porter seuls leurs poids de misère, leurs péchés enfouis dans leur mémoire. Ils ne goûteront pas la joie d’être réconciliés avec Dieu et avec soi-même. Ils ne pourront pas libérer leur conscience de cette culpabilité qui peut encore les habiter et bien ils continueront à vivre dans l’oubli de ce qu’ils ont pu vivre. Mais le plus important n’est-il pas de faire l’expérience de l’amour de Dieu qui s’offre à nous si largement et si généreusement ? Cet amour qui nous prend là où nous en sommes, un amour qui ne nous juge ni ne nous enferme mais nous relève et nous sauve. Alors, ne laissons pas passer ce don qui nous est ainsi offert. Laissons-nous réconcilier avec Dieu ! Ouvrons nos cœurs à sa grâce pour entrer dans une vie nouvelle et avoir part à la joie de la résurrection !