Homélie du 19 juillet 2015 - 16e DO
fr. François Daguet

Bonne nouvelle : Jésus lui-même invite ses apôtres à prendre un peu de repos. C’est le temps des vacances, et cet évangile semble tout-à-fait approprié. Mauvaise nouvelle : cette invitation au repos tourne mal. Les foules précèdent Jésus et les Douze avant même que leur bateau n’ait atteint cet « endroit désert, à l’écart ». Le repos, à première vue, semble manqué. Que faut-il donc retenir de cet évangile ? Qu’il n’y a pas de repos pour le disciple du Christ ? Mais alors, l’invitation de Jésus serait trompeuse.

La Bible exprime à maintes reprises que Dieu honore le repos. Il est naturel et légitime de se reposer une fois sa tâche accomplie. Après l’œuvre de la création, Dieu se repose le 7ème jour (Gn 2, 2-3), et l’homme est invité à entrer dans ce repos du jour consacré à Dieu. L’Écriture révèle ainsi progressivement qu’au légitime repos humain, dû à la fatigue, répond aussi un repos en Dieu. La Terre promise devient elle-même la figure de ce repos donné par Dieu. Israël est en marche vers le repos de Dieu. Pendant l’Exode, le Seigneur réconforte Moïse qui n’en peut plus de ce peuple à la nuque raide : « J’irai moi-même et je te donnerai le repos » (Ex 33, 14). Les prophètes, à leur tour, annoncent la proximité de ce repos de Dieu.

Jésus, dans sa prédication, promet le repos aux hommes fatigués : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau, et moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et un humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11, 28-29). Toutes ses critiques adressées aux pharisiens à propos du sabbat tiennent à ceci qu’ils le dénaturent. Cette journée consacrée à Dieu a vocation à donner le repos à l’homme, en demeurant avec Dieu, non en se soumettant à des prescriptions extérieures. Le repos le plus profond pour chacun, c’est de demeurer en Dieu, avec le Christ.

On comprend alors que, dans notre passage de l’Évangile, les Apôtres n’ont pas été privés de repos : c’est pendant qu’ils ont été dans la barque, avec Jésus, qu’ils ont trouvé le vrai repos. Ils étaient avec Lui, et c’est Lui qui le leur a donné. Et alors, ils peuvent sans délai reprendre leur tâche évangélisatrice auprès des foules qui viennent sans cesse à eux. L’Apôtre ne connaît pas de repos dans sa mission. A l’image du Christ, il n’a pas d’endroit où reposer la tête. Ou plutôt, si : il a un endroit, le côté du Christ qui seul lui apporte le repos. Voilà, sans doute, ce qui est inscrit comme en filigrane dans cette page d’Évangile.

Quel enseignement en retirer pour nos vacances ? D’abord, qu’il est parfaitement légitime de se reposer lorsqu’on est fatigué. Ensuite, qu’en tant que chrétiens, nous sommes invités à entrer dans ce repos de Dieu, qui nous est donné lorsque nous demeurons avec lui. A chacun de trouver les moyens de se reposer ainsi. Enfin, que vacances ou non, le témoignage rendu à l’Évangile ne cesse pas. Même en vacances, nous sommes invités à témoigner de la présence agissante du Christ et de l’Esprit. Les occasions ne manqueront pas, notamment en famille : à nous de les saisir.