Homélie du 27 juillet 2003 - 17e DO

Après le PAIN offert, Jésus multiplie le FRUIT de nos Gestes fraternels

par

fr. Bernard Autran

Avec la Multiplication des Pains, nous quittons pour cinq dimanches l’Évangile de St Marc pour celui de St Jean dont le récit est plus développé. Nous allons méditer ce qui est un tournant dans la Vie de Jésus, le Signe, puis les enseignements et discussions qui en ont découlé. Cela aboutira à la Proclamation de Foi des Apôtres: « À qui irions-nous? … Tu es Le Saint de Dieu! »

Après la première Mission des Apôtres, les gens se sont pressés nombreux autour de Jésus. Il les a sentis comme des brebis sans pasteur. De Sa Parole, Il a voulu les guider vers la vraie Vie, leur découvrir combien Le Seigneur les aime, les appeler à répondre à cet Amour dans l’accueil, l’amour, le service des frères. La journée s’est prolongée, la fatigue s’est faite sentir, et aussi la faim! L’occasion va se présenter pour Lui de faire sentir qu’avec Sa Venue, les Promesses vont s’accomplir. Il va manifester combien Dieu se préoccupe de tous les besoins des siens, sans oublier la nourriture de leurs corps! Cela, Il le fait de façon ordinaire par les biens de la nature, mais quelquefois de façon plus exceptionnelle, comme par la Manne au désert. Ce dont Il avait chargé Élisée pour des affamés, Son Fils Jésus va le réaliser à plus grande échelle: la nouvelle étape va être décisive!

Encore une fois, Il veut associer les siens à ce qu’Il va faire. Il leur demande comment nourrir cette foule. Bien sûr, les bras leur en tombent, c’est infiniment au delà de leurs possibilités! Ah!, un jeune garçon a cinq pains d’orge et deux poissons. Mais qu’est-ce pour tant de gens? Pourtant, la nourriture, Il ne va pas la créer. La première merveille qu’Il ait accomplie est que le jeune accepte de se dessaisir du peu qu’il avait! alors, Il prend les Pains, prononce l’Action de Grâces et fait distribuer. C’est la Fête, un immense pique-nique, tous s’émerveillent de cette abondance! Quand ils sont rassasiés, il y a encore beaucoup de restes à ne pas perdre!

N’est-ce pas le symbole de ce que nous accomplissons quand nous réunissons pour l’Eucharistie? Notre vie a un sens, nous savons que Le Père nous aime et nous conduit vers Sa Joie, car nous avons trouvé Celui qui nous guide. Si Sa Parole nous a déjà éclairés, n’avons-nous pas besoin de nous assembler pour nous en nourrir, l’actualiser chaque dimanche? N’y venons pas comme des consommateurs, simplement pour notre avantage spirituel. Il s’agit avant tout de « faire l’Église« , accepter de recevoir de nos frères et de leur apporter chacun ce que nous pouvons. Ce n’est pas plus que les cinq pains ou la goutte d’eau que l’on ajoute au vin dans le calice. Mais quand, par le service du prêtre monte l’Action de Grâces de Jésus à laquelle nous nous associons de notre mieux, eau comme vin deviennent Son Sang! C’est le signe de ce qu’Il accomplit en nous, Il transfigure notre pauvre bonne volonté, nous entraine à faire pour nos frères réellement bien plus que nous n’aurions pu. C’est quelquefois visible, mais la plupart du temps, cela ne nous sera révélé, pour notre joie, que dans Sa Maison!

Dans leur émerveillement, les gens ont voulu Le faire Roi. Nous Le recevons comme Le nôtre, mais d’une manière bien différente de ce qu’ils attendaient alors! Quand on sert, on le fait par une action qui, même pénible peut être valorisante. Cela, Il le réservera à ses Apôtres. Il faut aussi quelquefois le réaliser d’une manière plus âpre dans le Don de soi jusqu’à la souffrance, l’humiliation, la mort. C’est ce qu’Il a gardé pour Lui! Sur sa Croix seulement sera inscrit qu’Il est « Le Roi des juifs! » Quand nous communions à Lui, Il nous apprend à nous faire comme Lui serviteurs de nos frères. En cela il peut nous falloir accepter de souffrir pour eux, mais plus habituellement nous mettre au travail. Alors, même si cela peut nous honorer, que Son Esprit nous aide à toujours vouloir d’abord servir! Ne redisons-nous pas dans la prière liturgique que «servir, c’est régner»?

Alors, laissons-nous interpeller par St Paul. Écrivant aux chrétiens d’Éphèse, il leur a d’abord partagé son émerveillement devant le Don du Père qui nous a choisis pour devenir ses Fils en nous donnant Son Unique, Jésus Christ. En Lui, Il a voulu faire tomber le mur de la haine qui séparait les hommes les uns des autres. Mais à sa suite, c’est à nous qu’Il confie cette grande mission. Nous avons à partager l’immense Espérance d’un jour être tous rassemblés dans la Paix en un seul Corps par le Seul qui soit « Seigneur« , autour du Seul Dieu et Père. Il nous faut nous y consacrer par notre parole, mais elle ne pourra porter que si notre comportement y correspond vraiment. Même quand nous ne pouvons rien dire, ce qui touche nos frères est la manière de les aborder avec beaucoup d’humilité, de douceur, de patience. Se supporter mutuellement avec amour, et le manifester à tous, c’est ainsi seulement que nous pouvons nous montrer ambassadeurs du Christ auprès d’eux!

Cela nous avons à le vivre en bien des circonstances de notre existence. Il nous faut d’abord nous exercer à le faire en le « jouant » quand nous célébrons l’Eucharistie. L’ouvrant par notre Signe de Croix, qu’il soit notre acte de Foi en Celui qui, Vivant, ressuscité, a été le plus fort en acceptant, par Amour, de Se laisser humilier jusque là! Le Concile de Trente a mis du sérieux en imposant le silence à l’église, mais ne nous laissons pas pour autant rester indifférents à ceux que nous y côtoyons. Sachons montrer par notre accueil mutuel que c’est Le Christ qui fait notre unité en une véritable fraternité. Pensons, même silencieusement, à nous porter les uns les autres dans notre prière, sans oublier tous nos frères et les grandes intentions du monde. Qu’ensuite nous soyons plus ardents pour nous unir aux efforts de beaucoup pour ceux qui sont dans le besoin ou souffrent de la faim! Si nous vivons les Sentiments de Jésus, ne multipliera-t-Il pas le fruit du peu que nous aurons pu faire?