Homélie du 28 septembre 2008 - 26e DO

Benedictus qui venit in nomine Domini!

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Benedictus qui venit in nomine Domini! – Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Comme nous aimons la chanter, cette hymne, pendant les semaines qui suivent l’Épiphanie du Seigneur! Elle a un je-ne-sais-quoi de lumineux, de joyeux. Elle a la bonne odeur de l’encens des Mages, la fraîcheur du Baptême et la douceur du vin des Noces! Nous la chantons quand Jésus s’approche pour être plongé dans les eaux pour y être baptisé. Béni soit-il! Mais il n’est pas seul. Il n’est pas le seul à venir au nom du Seigneur.

Benedictus qui venit in nomine Domini! Nous voici sur le bord de la rivière et il est là. Il attend son Seigneur. La foule écoute sa parole, son appel au repentir et vient demander: «que devons-nous faire?» Le Seigneur vient et demeure avec lui. Et pourtant, comme le dit l’Évangile de ce jour, «il est venu, vivant selon la justice et vous n’avez pas cru à sa parole»? Il? Lui? Mais qui donc? Jean le Baptiste, bien sûr, le plus grand des enfants des femmes? Mais peut-être s’agit-il d’un autre.

Benedictus qui venit in nomine Domini! C’est vrai que l’on peut le traduire – comme nous l’avons fait jusqu’à présent – par: «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!» mais les latinistes chevronnés que nous sommes devenus depuis la lecture du Motu Proprio ne s’en laissent pas compter. Juste une parenthèse à propos de ce fameux document: que de critiques entendues de la part de bons chrétiens (et que dire des bons prêtres!) qui n’en ont même pas lu une seule ligne… L’obéissance et l’unité nous feraient-elles peur à ce point? À moins que ce ne soit le manque d’humilité qui nous étouffe?

Mais fermons cette parenthèse pour revenir à nos considérations linguistiques. Benedictus qui venit in nomine Domini! peut également se traduire par «Benoît, qui vient au nom du Seigneur!» Nous étions au bord de la rivière et il était là. Il attendait son Seigneur. La foule, joyeuse et nombreuse, étonnamment jeune, l’accueillait en ces lieux où une jeune fille, il y a 150 ans, appelait au repentir: «Pénitence, pénitence, pénitence! Priez pour les pécheurs!» s’était-elle écriée! Le Seigneur vient et il l’adore. Quel incroyable moment que celui de l’adoration. Quel silence? saisissant! Puis il prend la parole, toujours juste, toujours humble. Et la foule écoute, le souffle coupé? Il? Lui? Mais qui donc? Benedictus, Benoît, le nôtre. Notre pape. Il est venu, vivant selon la justice. Avons-nous cru à sa parole?

Mais au fait, de quoi a-t-il parlé? Je vous le donne en mille: de Marie! Du regard de Marie, du sourire de Marie et du ‘oui’ de Marie.

Le regard de Marie qui se pose sur la petite Bernadette: «Elle me regardait comme une personne parle à une autre personne». Ce regard plein de douceur qui fait exister l’autre. Regard de vérité sur les autres et sur les choses, qui nous fait discerner le vrai. Qui nous fait voir ce en quoi notre conduite est étrange, nous qui aimons tant nous justifier.

Le sourire de Marie, le sourire de cette jeune dame «belle, belle plus que tout» selon les mots mêmes de Bernadette. Ce fut la réponse de la Vierge à la jeune Lourdaise qui voulait connaître son identité. Ce sourire est pour tous, pour chacun d’entre nous, tout particulièrement ceux qui souffrent. Permettez-moi juste de reprendre quelques lignes de l’homélie du Saint-Père lors de l’onction des malades: «Désirer contempler ce sourire de la Vierge, ce n’est pas se laisser mener par une imagination incontrôlée. L’Écriture nous le dévoile sur les lèvres de Marie lorsqu’elle chante le Magnificat. (…) Chaque récitation du Magnificat fait de nous des témoins de son sourire. (…) Marie fit d’abord connaître son sourire [à Bernadette], comme étant la porte d’entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère. (…) Oui, quêter le sourire de la Vierge Marie n’est pas un pieux enfantillage. (…) Quêter ce sourire, c’est d’abord cueillir la gratuité de l’amour».

Le ‘oui’ de Marie, cette acceptation qui change l’histoire de l’humanité et rouvre la porte du Paradis. Un ‘oui’ limpide et sans réserve qui s’enracine dans le mystère de la liberté de Marie. Cette liberté qui est la sienne est aussi la nôtre. Mais chez elle, elle est dégagée de toute complicité avec le péché, grâce au privilège de son Immaculée Conception. «Je suis la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole?» Tout est dit et Gabriel, bouche bée, ravi, la quitte d’un coup d’aile.
Frères et sœurs, vous avez entendu notre Évangile. Finissons notre homélie par une confidence. Les deux frères de la parabole, ils ont une sœur, une grande sœur. Et cette sœur, c’est Marie. Jésus ne le dit pas; il sait que sa mère aime rester discrète. Elle ne dit pas ‘non’ à la volonté du Père pour la faire finalement. Elle ne dit pas ‘oui’ pour ensuite s’abstenir.

Elle dit ‘oui’ et tient parole.
Et si nous faisions de même?

Amen.