Homélie du 25 avril 2010 - 4e DP

Les appelés sont des pécheurs.

par

fr. Alain Quilici

Dimanche du bon Pasteur, dimanche de la vocation, dimanche des vocations. Cela nous rappelle que la révélation biblique est fondée sur un appel. Dieu appelle. Il appelle au double sens du mot: il convoque, comme on dit faire l’appel. Et il nomme: Comment t’appelles-tu!

Nous avons présents à l’esprit les grands appels dans la Bible: l’appel d’Abraham: Quitte ton pays … L’appel de Moïse au buisson ardent: Moïse, Moïse, va libérer mon peuple … L’appel du jeune Samuel au temple de Silo. De même Jésus appelle. Il n’attend pas que les disciples arrivent. Il les appelle: Venez à moi, vous tous qui avez faim et soif, venez à moi vous qui peinez sous le fardeau de la vie. Il appelle Simon. Il lui donne un nom nouveau. Il le nomme Pierre.

Qui est appelé? Tout le monde, sans distinction de situation. Tous les hommes ont vocation à être sauvés, à entendre la parole de Dieu et à y répondre.

À quoi est-on appelé? À se tourner vers Jésus qui est le bon Pasteur qui conduit vers le Père tous ceux qui entendent sa voix.

Cela dit, on a réservé le mot vocation à cet appel particulier que certains entendent, un appel à suivre Jésus pour lui consacrer toute sa vie. Appel à la vie religieuse et appel au sacerdoce.

Dans les deux cas, il s’agit d’un appel intérieur, une intime conviction qu’il faut consacrer sa vie à Dieu. Je ne saurais le comparer, pour me faire comprendre, qu’à ce que ressent celui ou celle qui est amoureux. Je ne parle pas des envies, ni des prurits passagers, mais de cette profonde certitude intérieure qui engage toute la vie, le présent et l’avenir, le prévisible et l’imprévisible. Un amour qui envahit toute la personne, un amour qui comble et dont on ne voit pas comment on pourrait vivre sans lui.

Cet appel, cette vocation, est difficile à décrire, mais il existe. Il a mobilisé des milliers de femmes et d’hommes, qui ont donné leur vie pour lui répondre. Il y en toujours eu, il y en aura toujours, car Dieu ne cesse d’appeler. Ces vocations sont d’une infinie variété:

Vocation à la vie monastique dans une abbaye ou dans une chartreuse, vocation à soigner les mourants dans les mouroirs de Calcutta, vocation à prêcher l’Évangile à temps et à contre temps, vocation, tout simplement, à servir l’Église en étant prêtre de paroisse.

Ces temps-ci, le monde nous rappelle, sans ménagements, que parmi ces appelé il y a des pécheurs; il nous rappelle que nous sommes tous des pécheurs. Et il est vrai. Nous le sommes. Et parfois, nous le sommes gravement. Qui peut dire qu’il n’est pas pécheur? Qui va jeter la première pierre? Jésus n’est-il pas venu pour sauver les pauvres types que nous sommes?

Tous ces drames doivent nous mobiliser, non pas pour que nous hurlions avec les loups, mais pour que nous redoublions de prière; que nous implorions le pardon du Seigneur quand nous l’avons offensé. Cela exige de chacun de nous plus de ferveur, plus de détermination, plus de miséricorde les uns pour les autres. Nous sommes solidaires de la sainteté des saints, nous sommes aussi solidaires du péché des pécheurs.

En cette journée mondiale de prière pour les vocations, et dans le contexte qui est le nôtre, nous lançons vers le Seigneur une supplication. Nous lui demandons de ne pas nous laisser envahir par le découragement. Nous lui demandons que le courage de relever le défi de lui consacrer sa vie ne cesse d’être relevé. Nous devons puiser dans toutes ces douloureuses contrariétés une détermination plus grande à donner notre vie et à soutenir les jeunes vocations.

Souvenons-nous de Simon-Pierre, un des premiers appelés, mais aussi un des premiers à avoir renié, le Seigneur ne lui pose qu’une question: M’aimes-tu? Avec Simon-Pierre nous répondons: Oui, Seigneur, je t’aime. Tu sais bien que je t’aime! Prends pitié du pécheur que je suis.

Amen.