Homélie du 29 novembre 2015 - 1er DA

Notre vie ressemble au Samedi Saint

par

fr. Timothée Lagabrielle

C’est toujours embêtant d’être dans un entre-deux. C’est ce qui est désagréable, par exemple, quand on est adolescent ou fiancé. Être entre deux états : ne plus être un enfant sans être un adulte ou bien ne plus être célibataire sans être marié, cet entre-deux n’est pas agréable à supporter. Et ce premier dimanche de l’Avent nous rappelle que, nous aussi, nous sommes dans un entre-deux. Nous sommes entre deux venues du Christ.

Nous avons Noël en vue, le Christ qui est venu. Quelle joie ça a été ! Et la liturgie nous fait regarder vers la fin des temps, vers le Christ qui viendra. Quelle joie ça sera ! Le Christ est venu, c’était la joie ; le Christ viendra, ce sera la joie ; et nous, nous sommes entre les deux. Sans cette présence palpable du Seigneur. Comme des fiancés attendant le jour de leurs noces. Alors, que faire pour vivre cet état d’entre-deux ?

Commençons par nous rendre compte que ce que nous vivons est une situation pascale. Notre situation ressemble à ce qui se passe à Pâques. Nous en avons quelques indices aujourd’hui. Par exemple, quand le Christ nous dit : «veillez», nous nous rappelons que la nuit de veille par excellence, c’est la nuit de la Pâque, quand Dieu demande à son peuple de garder les reins ceints. Ou encore, il nous prépare pour que nous puissions nous tenir debout devant lui, pour que nous nous redressions au Jour de sa venue. C’est l’attitude des ressuscités. Nous sommes donc entre les deux grands temps de Pâques. L’entre-deux où nous sommes ressemble au Samedi Saint.

Et la clé pour vivre le Samedi Saint, ce qui permet de supporter cet entre-deux, c’est la foi. La foi, c’est cette certitude que ce que Dieu a dit est vrai et donc que ce qu’il a annoncé va s’accomplir. Même si je ne le vois pas encore présent dans toute sa gloire, je suis sûr de la venue du Messie. Nous sommes en cette vie comme était Marie le Samedi Saint : c’est sûr, le Christ viendra ; c’est sûr, l’obscurité laissera la place à la lumière. Et, comme pour Marie, cette certitude donnée la foi change notre vie. Elle nous donne un nouveau regard. Notre vie a un sens, une direction, une orientation. Nos actions ne sont pas les mêmes quand nous nous souvenons que le Christ va venir. Puisque nous sommes sûrs de sa venue, nous pouvons agir comme s’il était là. Le Christ viendra, c’est sûr, alors nous voulons être prêt à l’accueillir, nous ne voulons pas rater cette joie.

La foi nous fait déjà nous redresser et relever la tête pour voir le Christ qui vient vers nous à l’horizon. Et quand nous le fixons ainsi du regard, nos actions courantes changent. Elles deviennent meilleures.

Par la foi, la nuit de notre entre-deux, la nuit de notre Samedi Saint voit poindre la lumière de la résurrection. Mais il y a aussi plus que cela. Nous avons plus que ce qu’avait la Vierge Marie pendant le Samedi Saint. Nous ne sommes pas seulement à nous dire : «Jésus viendra, serrons les dents en attendant sa venue». Car le Christ n’est pas absent pendant cet entre-deux. Le Christ est venu, le Christ viendra et, aujourd’hui, entre les deux, le Christ vient. Il vient chaque jour de notre vie. Il vient encore d’une façon voilée mais bien réelle. Quand, dans notre prière, nous lui disons : «Maranatha! Viens Seigneur Jésus!», non seulement il répond «Je viendrai», mais aussi «Je viens» et même «Je suis là. Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 20).