Homélie du 15 décembre 2013 - 3e DA

Se laisser surprendre par Dieu

par

fr. Timothée Lagabrielle

Seigneur, est-ce que tu es vraiment là ? Quand je regarde le monde autour de moi et quand je regarde ma vie, il m’arrive de me demander si le Messie est bien venu, si le Seigneur est bien là. Je pense que je n’ai pas vraiment besoin d’expliciter, de décrire ce qui dans le monde, dans ma vie ? et dans la vôtre ! ? ne va pas et nous fait nous poser cette question. Comme Jean-Baptiste dans sa prison, j’en suis à me dire : « Seigneur, si tu es là, pourquoi suis-je en prison ? Pourquoi suis-je toujours emprisonné dans les mêmes travers ? Pourquoi nous, chrétiens, sommes-nous persécutés, ici ou ailleurs ? Seigneur, pourquoi ne viens-tu pas agir avec puissance pour jeter au feu tout arbre ne produisant pas de bon fruit ? (Cf. Mt 3, 10)»

À ceux qui se posent ces questions, Jésus répond comme il a répondu à Jean-Baptiste. Il répond qu’il agit: «les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. (Mt 11, 5)»

Il agit bien, mais nous ne voyons pas toujours son action, parce que le Seigneur n’agit pas toujours comme nous voudrions. Alors il nous demande d’être attentifs à son action, de chercher à en trouver les traces. Et si nous sommes attentifs, si nous nous laissons surprendre par les moyens qu’il emploie, nous verrons qu’en effet il agit et nous nous en réjouirons.

Les moyens que Dieu emploie nous surprennent et nous avons à nous laisser surprendre, à découvrir une façon d’agir qui ne nous est pas naturelle. Chaque année, l’Avent nous prépare à être surpris par la nuit de Noël. Nous attendons un Messie sauveur et nous allons recevoir un bébé dépendant, qui a besoin de ses parents pour survivre. Nous attendons un temps de salut définitif et nous n’allons en voir que l’aurore. Dieu n’agit pas comme nous car contrairement à nous, il est tout-puissant. Nous qui ne sommes pas tout-puissants, nous utilisons parfois des moyens violents pour parvenir à nos fins. Par la violence, nous cherchons à dépasser notre faiblesse. Nous mettons un tigre dans notre action.

Mais Dieu qui est tout puissant n’a pas besoin d’agir avec violence. Le Royaume de Dieu que Jésus est venu instituer n’est pas violence et châtiment, il est bienfait et salut. Et les moyens par lesquels Jésus va instituer ce Royaume s’accordent avec ce Royaume. C’est par amour que Dieu veut nous sauver et c’est par l’amour qu’il va nous sauver. Il utilise des moyens doux, des moyens qui ne nous violentent pas. Jésus-Christ n’a pas besoin de mettre un Lion de Juda dans son action, mais il y met un Agneau de Dieu.

Et plus encore, le Seigneur nous invite à entrer dans cette même voie, à marcher sur ses traces, à utiliser les mêmes moyens pour notre action. À faire des bonnes choses en utilisant des moyens bons. En faisant ainsi, nous refusons les moyens expéditifs. Cela nous fait être moins grands aux yeux du monde. Mais la vraie grandeur, c’est d’être les petits du Royaume de Dieu.