Homélie du 16 novembre 2003 - 33e DO

Viens Seigneur Jésus

par

fr. Loïc-Marie Le Bot

Si à la sortie de cette messe vous apprenez brutalement que le retour du Christ est imminent, que la fin du monde est pour dans quelques minutes, que les puissances célestes vont être ébranlées, que le soleil et la lune vont s’éteindre, que le Fils de l’homme va venir dans quelques instants. Que penseriez-vous? Que feriez-vous? Il est fort probable que nous serions tous un peu voire très inquiet… Il y aurait de l’agitation dans les âmes et dans les cœurs! Certains essayeraient d’utiliser leur téléphone portable, d’autres regarderaient cela en direct à la télévision, d’autres se tourneraient avec crainte vers le Seigneur. Mais aurions-nous raison d’être angoissés? Avons-nous raison d’être vaguement inquiet d’entendre cet Évangile. Notre univers doit disparaître. Le regretterons-nous?

« Le ciel et la terre passeront » (Mc 14, 31).

Le ciel c’est celui que nous voyons d’où tombe la pluie, où est le soleil qui nous donne sa lumière et sa chaleur sans laquelle rien ne peut croître ici- bas. La terre c’est celle sur laquelle nous vivons et d’où nous tirons notre subsistance à la sueur de notre front. Mais c’est aussi notre ciel «spirituel», le lieu où sont les principes fondamentaux qui éclaire notre vie, la Lumière du Seigneur, certes, mais aussi le soleil et la lune de nos «idoles» qui diffusent leur lumière trouble. La terre, c’est la vie de notre humanité tissée de cet inextricable écheveau de bon et de mauvais: jamais autant de richesses produites, jamais autant de connaissances accumulées, jamais autant de maîtrise de la nature, mais aussi guerres, injustices, terrorisme, fanatisme, conflit dans les familles, détresses personnelles … Tout cela doit disparaître! Tout cela passera, doit-on le regretter?

« Le ciel et la terre passeront, mais mes Paroles ne passeront pas » (Mc 14, 31).

Le Fils de l’homme arrive et tout sera détruit! Notre univers comme tout ce qui est créé court vers sa fin. Il y aura un dernier jour comme il y a eu un premier jour avec un matin et un soir définitif. Cette venue du Fils de l’homme ne devra pas nous surprendre, Jésus nous l’annonce, il reviendra … La fin est-elle seulement une destruction, est-ce seulement un anéantissement?

Non, pas une fin mais un achèvement, pas une destruction mais une révélation, non pas un point d’arrêt mais un passage vers Dieu. Tout ce qui est bon dans notre univers est ce qui est porté par la Parole de Dieu, ce qui est bon ne passera pas. La terre passera, mais ma Parole demeurera. L’horreur de la fin du monde s’efface devant la splendeur de la Création renouvelée. Ce qui est accidentel, en surface passera, sera détruit, ce qui est essentiel ne passera pas. «Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle – le premier ciel en effet et la première terre ont disparu, et de mer il n’y en a plus.» (Ap. 21, 1). Dans le monde de la Bible, la mer est le refuge des démons et le lieu du mal. Dans la création nouvelle, elle a disparu. C’est une erreur de perspective qui nous fait voir ce passage comme une tragédie. C’est une joie immense que le Seigneur nous donne aujourd’hui. C’est une espérance qui doit nous nourrir, la Parole de Dieu ne passera pas comme tout ce qui est fondé en elle.

«Mais quand Seigneur cela se produira-t-il?»

« Du figuier apprenez cette parabole. Dès que sa ramure devient flexible et que ses feuilles poussent vous vous rendez compte que l’été est proche » (Mc, 14, 28).

Nous regardons, avec anxiété vers l’avenir, regardons plutôt vers le passé. La Parole de Dieu faite chair, Jésus a été mis à mort et il est Ressuscité. Voilà que les derniers temps sont commencés. Comme, il l’annonce lui-même à ces disciples: «En vérité je vous le dis cette génération ne passera pas que toutes cela ne soit arrivé!» (Mc 14, 30).

C’est chaque jour que le Seigneur soutient le monde par sa Parole puissante. Que tout existe et que tout doit aller vers Lui.

C’est en fait chaque jour que le Seigneur vient détruire ce monde qui passe, ce monde de souffrance et de péché, c’est chaque jour qu’il vient détruire en nous les faux dieux qui peuplent notre ciel intérieur, c’est chaque jour qu’il vient nous dire que sa Parole ne passera pas, et qu’en Lui nous pouvons entrer dans ce monde de Dieu.

C’est chaque jour qu’il vient avec puissance et gloire dans notre cœur d’abord. Nous savons quel bruit et renversement peut produire dans une vie l’irruption du Seigneur. C’est comme la destruction d’un monde ancien.

C’est aujourd’hui même, que nous entrons dans les temps ultimes, aujourd’hui, maintenant qu’Il vient nous rassembler dans son Église. C’est aujourd’hui le temps favorable. Alors, plus de peur ni d’angoisse sur la fin du monde, nous sommes déjà en train d’entrer dans le Règne de Dieu. Au contraire, appelons avec force la venue du Seigneur en nous, en notre communauté, en notre monde. Le Seigneur est proche, soyons dans l’espérance et dans la joie!

« Oui, Viens Seigneur Jésus » (Ap. 21, 20). Amen!