Homélie du 12 septembre 2004 - 24e DO
fr. Philippe-Marie Margelidon

Quelle peut-être l’intention de la liturgie et de notre évangéliste, saint Luc, en nous donnant de proclamer ces trois paraboles? Bien des choses, retenons les trois personnages principaux.

Nous avons donc une brebis égarée et qui est retrouvée, une pièce d’argent perdue et elle aussi retrouvée, un fils mort et qui revient à la vie. Il y a un père, un berger, une femme c’est-à-dire, comme l’observe s. Ambroise, Dieu notre Père, le Christ notre Bon Pasteur et l’Église notre Mère. Explicitons, le Christ a pris sur lui nos péchés, et il nous porte en son corps qui est l’Église. L’Église nous cherche sans cesse, nous appelle au nom du Christ et le Père nous accueille en son sein pour nous revêtir de la robe nuptiale du baptême. Nous avons le mystère de notre rédemption, de notre convocation dans l’Église du Fils, de notre définitive réconciliation et adoption filiale par le Père. En ces trois paraboles, en ces trois mystères, nous est révélée une seule et même miséricorde.

Le Père créateur tout-puissant qui fait exister ce qui n’est pas, envoie son Fils unique à la recherche de celle qui s’est perdue et le Fils retrouve l’égarée sans perdre ce qu’il tient sous sa garde. Car il est mort pour elle, il l’a placée sur ses épaules et les épaules du Christ sont les bras de la Croix. Puis dans la joie du salut et de la résurrection, il l’a élevée, par son Ascension jusqu’à la demeure du Ciel. Cette brebis est unique quant au genre, non en ce qu’elle représente, car le bon pasteur, le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui avait péri, c’est-à-dire tous. Tous nous sommes morts en Adam, de même dans le Christ tous nous recevons la vie. Par lui nous passons du péché à la grâce, de la nuit de l’ignorance à la lumière de la vérité.

À chaque fois qu’est conféré le sacrement du baptême, il s’opère la même mort au péché puisque je nais pécheur dès le sein de ma mère comme dit le psaume, la même résurrection spirituelle puisque je renais à la vie filiale et que je peux dire en toute vérité Abba, Père. Nous avons accès au Père par le Fils. Ce Fils Pasteur suprême d’un unique troupeau qui attire à lui tous les hommes pour constituer une communion spirituelle, surnaturelle mais visible, incarnée en un corps et dont les membres reçoivent le même héritage; cet héritage promis à ceux qui entendent sa voix et écoutent sa parole. A chaque fois que nous renaissons, que nous ressuscitons par le baptême ou la pénitence, nous faisons la joie du Père car nous avons recouvré la dignité des fils, nous sommes entrés dès ici-bas dans le Royaume de la grâce. Il n’est pas étonnant alors que l’Église soit cette Mère attentive, qui suit les pas du bon Pasteur, qui ouvre ses lèvres pour supplier le Seigneur de toute miséricorde et publier sa louange, qui convoque tous les hommes de bonne volonté à participer au don de la vie nouvelle dans le Christ.

Puisqu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus, puisqu’il a restauré et accompli l’éternel dessein de notre adoption filiale, nous pouvons à notre tour porter le Christ dans notre corps par la sainteté de notre vie. Honneur et gloire au Roi des siècles, au Dieu unique, invisible et immortel, pour les siècles des siècles. Amen.