Homélie du 26 juillet 2009 - 17e DO

Compter? Sur Dieu!

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Les enfants aiment les contes, les histoires de sorciers, de princes de sang mêlé. Et depuis la semaine, dernière, ils sont gâtés!

Les adultes que nous sommes – nous sommes finalement de grands enfants! – aiment aussi les comptes, mais pas les mêmes. Nous n’aimons pas trop que l’on nous raconte des histoires, nous préférons les additions, les quantités? Et aujourd’hui, nous sommes gâtés!

Avez-vous remarqué que la 1ère lecture et l’Évangile de ce jour foisonnent de nombres?

Il y a tout d’abord l’histoire d’Élisée qui avec ses 20 pains d’orge nourrit 100 personnes. Son serviteur a bien compté!

Il y a ensuite Jésus qui, avec 5 pains et 2 poissons – cette fois, c’est André qui a compté -, nourrit 5.000 hommes et il en restera 12 pleins paniers – estimation donnée par l’évangéliste Jean -, alors qu’il aurait fallu le salaire de plus de 200 journées de travail – d’après l’estimation de Philippe – pour nourrir toute cette foule.

Nous aimons les comptes et aujourd’hui nous sommes servis!

Parce que dans notre société, comme celle du Christ d’ailleurs, il faut faire du chiffre? pour épater la galerie et être reconnu.

«Nombreux» égale «crédible»

«Très nombreux» égale «vrai».

Tel pourcentage de la population pense que… (je vous laisse compléter à votre guise, mais tâchez de trouver une citation d’Obama), alors c’est forcément vrai.

Telle manifestation du début de l’été rassemble des centaines de milliers de participants, leurs revendications sont forcément légitimes. Et tant pis s’ils ridiculisent la religion – catholique exclusivement, cela va sans dire. Demandez donc à l’évêque de Bayonne ce qu’il en pense?

Et, bien sûr, avec les comptes que nous faisons, nous élaborons des statistiques, nous comparons tel résultat avec tel autre?

Évidemment, aujourd’hui, Élisée ne fait pas le poids. Certes, il y a bien miracle, mais il n’est finalement à nos yeux qu’un «petit prophète». Jésus fait mieux et est donc forcément le «Grand Prophète».

Or Jésus ne compte pas. Il multiplie.
Quand on aime, on ne compte pas. On multiplie.

Avez-vous constaté aussi, frères et sœurs, le contraste que nous offre la 2ème lecture? Il n’est question que d’un seul nombre qui est le 1. Tout gravite autour de l’unité.

1 seule espérance

1 seul Corps

1 seul Esprit

1 seul Seigneur

1 seule foi

1 seul baptême

1 seul Dieu

1 seul Père.

Être chrétien, c’est savoir multiplier, certes? et c’est savoir compter jusqu’à 1!

Dieu, finalement, quand il regarde son peuple, compte jusqu’à 1.
Parce que chacun est unique.
Parce que Dieu est unique, en trois personnes, certes, mais il n’y a qu’un seul Dieu.
Et il donne son Fils unique, dans l’Eucharistie que chacun reçoit, personnellement.

Pour nous, il multiplie le pain et chacun reçoit le Christ en plénitude. Et nous pouvons faire nôtre cette exclamation du peuple dans l’Évangile: «C’est vraiment lui le Grand Prophète». Nous n’avons pas besoin de le prendre de force pour le faire roi, car il est véritablement le Roi de l’univers!

Chacun de nous, personnellement, est invité à la Table eucharistique. Un repas où Dieu se donne. Une seule assemblée reçoit le corps d’un seul Christ. Il s’agit d’un repas, préfiguré par le miracle d’Élisée, mais plus encore par celui de Jésus, sur le bord du lac de Tibériade.

C’est un repas pas comme les autres. Nous le savons? mais cela nous fait tant de bien de nous le rappeler de temps en temps… Avons-nous conscience de la chance que nous avons de pouvoir célébrer l’Eucharistie régulièrement? Sans doute pas. Au cœur de notre célébration, nous porterons dans notre prière tous ceux qui n’ont pas accès à l’Eucharistie, quelles qu’en puissent être les raisons, et qui en souffrent terriblement. Frères et sœurs, ne communions jamais par habitude, avec désinvolture. Jamais.

L’Eucharistie est vraiment un grand mystère. C’est le Pain du Ciel qui nous est donné en abondance pour la vie du monde, pour notre vie.

Frères et sœurs, laissons nos comptes mesquins et apprenons à multiplier.
Apprenons à multiplier la joie autour de nous.
Apprenons à multiplier les occasions de revenir vers le Seigneur.
Apprenons à multiplier les gestes de miséricorde et de pardon. Le monde en a tellement faim.

Frères et sœurs, cet été, il va falloir réapprendre à compter.
A compter sur Dieu et sur Dieu seul.

Amen.