Homélie du 8 novembre 1998 - 32e DO

« Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle »

par

fr. Dominique-Marie Cabaret

Frères et sœurs, j’ai envie de vous poser une question un peu provocante, d’autant plus provocante que la semaine dernière nous avons célébré la Toussaint, la fête de ceux qui sont déjà au ciel, mais je ne résiste pas à l’envie de vous poser cette question, puisque les textes de ce jour nous y invitent: croyez-vous, frères et sœurs, à la résurrection des morts? Oui, croyons-nous à la résurrection des morts? Il est a peu près certain, si je vous presse de répondre et de prendre parti entre les sadducéens, qui prétendent qu’il n’y a pas de résurrection, et les pharisiens qui, comme s. Paul, clament l’inverse, que l’immense majorité d’entre nous, pour ne pas dire la totalité – du moins je l’espère – me dira croire en la résurrection des morts. Et c’est bien! L’inverse serait, en effet, inquiétant. Oui, un jour nous ressusciterons! C’est là le centre de notre foi, la pointe, ou le cœur incontournable de l’Espérance qui nous habite et qui doit animer le cœur de tous les chrétiens. Si nous ne croyons pas en la résurrection, en effet, alors vraiment, comme dit s. Paul, nous sommes les plus malheureux des hommes, nous perdons notre temps, et il ne reste plus qu’à manger et à boire  » car demain nous mourrons  » (1 Co 5,32).

Pourtant, au risque de vous déplaire en paraissant insister plus que nécessaire, frères et sœurs, je vous repose cette question le plus sérieusement du monde: croyez-vous, croyons-nous en la résurrection des morts «?

Oui, croyons-nous, tout d’abord, que Dieu, dans sa bonté, n’a jamais voulu que l’homme connaisse l’épreuve de la mort, que la mort est une conséquence du péché de nos premiers parents et qu’en séparant notre âme immortelle de notre corps physique, la mort demeure un scandale, que Dieu n’a jamais voulu?

Croyons-nous que le Fils de Dieu se soit fait homme pour nous sauver précisément de cette scandaleuse déchéance, en nous apportant le salut par sa propre résurrection?

Croyons-nous, ensuite, que Jésus de Nazareth, le fils de Marie et de Joseph, cet homme qui vivait il y a 2000 ans en Palestine, soit précisément le Fils unique que Dieu le Père a vraiment ressuscité, laissant vide un tombeau, non parce qu’on avait enlevé son cadavre à la sauvette, mais parce que précisément ce cadavre avait retrouvé vie?

Croyons-nous, aussi, comme dit Jésus dans l’Evangile que nous venons d’entendre, que, nous tous ici rassemblés, à l’image des saints de tous les temps, en tant que fils de Dieu, et cohéritiers du Christ, nous sommes appelés à ressusciter, comme lui, dans l’éternelle gloire de Dieu, devenant ainsi semblables aux anges?

Croyons-nous, enfin, à la résurrection de la chair? Croyons-nous, en effet, qu’un jour, à la fin des temps, lors de l’Avènement glorieux du Christ, nous retrouverons notre corps de chair, certes spirituel, incorruptible et transfiguré en corps de gloire, mais que nous retrouverons ce corps tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec ses mains, ses pieds, sa tête, et, que sais-je, tout ce qui est nécessaire à sa perfection?

Croyons-nous, encore, que, par un privilège spécial, la Vierge Marie, à l’exemple de son Fils, jouit déjà de son corps glorieux au ciel, sans attendre la fin des temps?

Et, croyons-nous, pour finir, que les saints du ciel même, sont dans l’attente de ce jour, tout impatients qu’ils sont de retrouver leur propre corps, et qu’à ce titre, même s’ils ont le bonheur suprême de voir Dieu, leur joie ne sera totale qu’au jour où le Christ, au son de la trompette finale, ayant tout mis sous ses pieds, redonnera vie à leur corps poussiéreux?

Oui, même si les anges n’ont pas de corps, nous serons semblables aux anges, non par notre corps glorieux, mais par la louange éternelle que nous pourrons adresser à notre Créateur, chantant sans fin les noces de l’Agneau. Et si cela nous paraît trop beau, trop extraordinaire, à la limite du conte de fées, tournons-nous vers le Christ, lisons les Évangiles, et voyons avec quelles minuties, les évangélistes eux-mêmes, ont voulu nous faire comprendre que ce n’était pas une blague ou une illusion collective, mais que le corps de Jésus avait vraiment retrouvé vie. Voyons avec quelle insistance ils ont voulu nous faire comprendre, qu’au matin de Pâques le tombeau était vraiment vide, non par supercherie, mais parce que l’impensable s’était produit, que dans le jardin, Marie-Madeleine avait vraiment étreint les pieds de chair de son Seigneur ressuscité, qu’à la chambre haute Jésus avait vraiment un corps de chair et d’os, au point qu’il n’hésitera pas, pour le prouver, à manger devant ses Apôtres un morceau de poisson grillé, et que Thomas pourra à loisir mettre le doigt dans les mains et le côté de Jésus.

Frères et sœurs, que nous faut-il de plus? Comme Thomas, cessons d’être incrédules, mais croyants! Telle est, en effet, la joyeuse, l’extraordinaire, l’impensable et magnifique espérance des disciples du Christ que nous sommes. Le Christ est ressuscité, et nous ressusciterons comme Lui, Il nous l’a promis! Qu’avons-nous alors à craindre? Les tribulations, la souffrance, l’angoisse, la persécution? Non! Ou ceux, qui s’en prenant à notre corps, peuvent nous faire quitter la vie d’ici-bas? Surtout pas! car, nous en avons l’assurance, le Seigneur, dans son corps de gloire, est allé nous préparer une place dans son Royaume, et dans le trop grand amour dont nous aime toujours, à la folie, ce Cœur de chair qui a souffert sur la Croix, le Christ Jésus viendra un jour, nous prendre pour nous unir à Lui dans l’éternité. Cela sera alors le début de la Vie. Aussi, frères et sœurs, gardons courage! car, même si notre corps de misère s’en va à la ruine et que nous peinons à travers les épreuves et les souffrances de cette vie, c’est déjà à la Résurrection que nous goûtons lorsque nous communions au Corps et au Sang du Christ ressuscité. Oui, gardons courage, car même si nous avons à souffrir dans ce monde, Jésus, notre Seigneur, a vaincu le monde! Il a vaincu la mort!