Homélie du 13 mai 2000 - 5e DP

« Le Bon Pasteur »

par

fr. Philippe-Marie Margelidon

Il y a quelques jours Jésus se révélait Pain vivant descendu du Ciel, aujourd’hui Bon Pasteur. Quel est-il ce bon Pasteur? Jésus nous le dit:
Le bon pasteur connaît ses brebis et ses brebis le connaissent. Nous ses brebis nous le connaissons par la Révélation et par la foi, lui il nous connaît parce qu’il nous voit tous et chacun en son âme remplie de lumière et de gloire. Il nous connaît intimement, il nous connaît en nous aimant d’un amour sauveur.

Ceux qu’il aime parce qu’il les connaît il les mène paître sur de verts pâturages et les nourrit. Il leur donne accès à la table de sa parole, il les nourrit du pain de la vérité; par les sacrements de la foi, il leur donne la grâce; enfin parce qu’il l’a promis, il leur conférera la gloire.

Il les nourrit du pain de la vérité ai-je dit, puisqu’ il est la Vérité, Vérité incarnée et libératrice. Il est le seul vrai médiateur et il n’y a pas sous le ciel d’autres noms donnés aux hommes, par lesquels nous puissions être sauvés. Il est l’unique Pasteur.

Il nous donne la grâce, cette participation surnaturelle à la vie divine par le baptême et les autres sacrements, cet extraordinaire exhaussement de notre nature, cette sanctification et divinisation de nos âmes, cette configuration à son propre mystère de mort et de résurrection. Par ce don, nous demeurons en Dieu, dans les profondeurs de l’Invisible.

Il nous donnera la gloire, gloire promise à ceux qui croient et qui, par grâce, auront mérité d’entrer au delà du voile, là où le Pasteur est lui-même entré pour nous y conduire.

D’autre part le pasteur, parce qu’il les connaît et les aime, défend ses brebis pour les mener au terme de leur voyage, de leur transhumance. Il n’a souci que d’elles et non de lui, il les exhorte, les encourage, les protège contre les agressions de l’erreur et du mal, des mercenaires et des faux prophètes.

Ensuite, le pasteur donne sa vie pour ses brebis. Sa vie nul ne la prend, c’est lui qui la donne. Il la donne sur la croix pour racheter l’homme, cet être créé par amour et pour l’éternité de l’amour. Nous en faisons mémoire à chaque messe et nous en avons reçu le mémorial dans le sacrement de son sacrifice sauveur.

Enfin le pasteur ressent le vif désir d’accroître le troupeau. Il y a d’autres brebis qu’il doit mener paître afin qu’il n’y ait qu’un seul troupeau sous un seul pasteur, le Christ, une seule Eglise à qui il a confié et remis ce désir.

Aujourd’hui comme hier, le Bon pasteur est au milieu de ses brebis, mieux à la tête du troupeau pour y faire entendre sa voix et ressentir son amour. Il a même donné à quelque-uns qu’il s’est choisi la tâche et le pouvoir de paître son troupeau . Il dit à Pierre: «Pais mes brebis». Le successeur de Pierre n ‘est-il pas à ce titre «le pasteur universel de l’Eglise»? C’est pourquoi le gouvernement du successeur de Pierre et des évêques avec lui dans l’Eglise est le ministère visible par lequel s’extériorise l’action pastorale du Christ. Ce ministère pastoral est aussi dans le prêtre une participation réelle, sacramentelle et dérivée de l’unique pastorat du Christ. Le prêtre comme le Christ et à sa suite, doit enseigner gouverner, sanctifier le peuple que Dieu lui a confié. Il l’instruit de ce qu’il faut être et faire pour rejoindre Dieu, le connaître et garder sa parole. Il lui donne la grâce, il le défend, il le convertit et surtout il doit le connaître et l’aimer avec un coeur de pasteur. «Nul n’est bon pasteur dit s. Thomas, sinon par la charité qui le rend un avec le Christ et le fait membre du pasteur véritable» à tel point qu’il éprouvera même une ardeur de jalousie divine pour son peuple comme on le voit chez le curé d’Ars. Cette charité pastorale le prêtre la puise dans le sacrifice eucharistique qui est le centre et la racine de toute sa vie, la source de toute vocation et de tout ministère dans l’Eglise.

Puisque toute vocation est un don du père, comme tous les dons qui viennent de Dieu, elle passe par de nombreuses médiations: exemples de prêtres, parents, familles, éducateurs chrétiens. Sachons créer et développer dans chacune de nos familles un climat de prière et de vie favorables à l’éclosion et à l’épanouissement de vocations sacerdotales et religieuses. Si l’un de vos enfants en vient ou en venait à en manifester le désir, correspondez généreusement au dessein de Dieu, encouragez-le discrètement avec tact et intelligence. Chaque famille chrétienne devrait comprendre que l’Eucharistie est son centre et qu’elle a besoin de ministres du sacrifice eucharistique. «Seigneur, donne-nous des prêtres, de saints prêtres» disait-on à la fin des litanies du Saint Sacrement. Aujourd’hui et chaque jour priez pour les vocations sacerdotales, pour les prêtres, pour leur persévérance dans leur consécration.

Que chacun de vous soit un pasteur pour son frère puisque vous avez été établis gardiens de vos frères. Ayez donc entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus, la même charité. Nous sommes tous les gardiens des uns des autres. « En aimant les brebis montrons notre amour pour le Pasteur» nous rappelle saint Augustin. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis et bien nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères. Amen.