Homélie du 17 mai 2009 - 6e DP

Le dimanche de l’amour

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Enfin, frères et sœurs, nous y voilà: c’est le dimanche de l’amour. Nous y avons été bien préparés par Jésus lui-même tout au long de cette semaine: «demeurez en moi», «soyez pour moi des disciples», «je vous commande de vous aimer les uns les autres»… C’est bien connu: la répétition est à la base de la pédagogie!

Et, avouons-le, un peu d’amour, relayé par le glamour du festival de Cannes, ça nous fait du bien, ça fait rêver… et, aussi, ça repose après le tumulte – que dis-je, le tumulte, l’ouragan! – médiatique que les catholiques ont dû subir ces derniers mois.

Alors nous allons profiter de ce dimanche de l’amour pour mettre quelques pendules à l’heure, pour reprendre les 3 cibles sur lesquelles se sont déchaînés les média.

1ère cible: notre Saint-Père le pape Benoît XVI. Étonnant – et révoltant – lynchage médiatique. Les loups ont hurlé. Ils ont même glapi dans les églises. C’était trop unanime pour être crédible. Et pourtant, nombreux sont ceux qui se sont fait piéger. Encore plus nombreux ont été ceux qui ont été troublés. Manifestement, il leur fait peur, ce pape. Serait-ce parce qu’il vient parler de paix, d’unité, de respect de l’autre et – horreur, malheur! – de fidélité?

2ème cible: l’Église. Si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer! Sur les affiches de notre ville, on peut lire ces jours-ci: «Que nous cache le Vatican?» – ça donne sacrément envie d’aller voir le film! Un petit conseil, en ce mois de Marie, au lieu d’aller vous polluer l’esprit et financer des ordures, laissez entrer la grâce en disant votre chapelet. C’est simple, c’est beau – et c’est gratuit.

3ème cible enfin: Jésus, dont la Parole, inlassablement, vient butter sur notre dureté. Et ça fait longtemps que ça dure; n’a-t-il pas pleuré sur Jérusalem? Et ce dimanche, il vient en remettre une couche, essayer, encore une fois, de nous éveiller à l’amour. Sa tâche n’est pas facile: nos contemporains – nous, peut-être un peu aussi – sont plus enclins à croire les salades du Da Vinci Code que les paroles du Sauveur lui-même. Et inlassablement, il nous exhorte à demeurer en lui, par sa Parole, par la bouche de ceux qu’il choisit, au sein de son Église. Et cette parole, on ne l’écoute pas vraiment, on se contente de l’entendre – quand on ne l’utilise pas à des fins politiciennes. Souvenez-vous, il y a quelques mois, cet «Aimez-vous les uns les autres» qui retentit dans un meeting politique. Pathétique.

Et notre société ricane…

Et si elle ricane, c’est qu’elle a peur, frères et sœurs. Celui qui la gouverne dans l’ombre a une trouille indicible, une panique irrépressible. Peur de quoi? Mais de l’amour, pardi!

Notre évangile d’aujourd’hui vient singulièrement remettre en cause l’idée que nous nous faisons de l’amour. Nous avons tous une image de l’amour, de l’amour gnangnan aussi, du grand amour, que sais-je encore! On est de la génération Bisounours, Sissi Impératrice, Top Gun ou Les Feux de l’Amour. Peu importe, on se fait une image de l’amour, de ce qu’il devrait être, de ce que l’on aimerait qu’il soit, de ce que l’on aimerait surtout pas qu’il soit…

Et aujourd’hui, Jésus vient nous parler d’amour. Pas n’importe lequel, l’amour avec un grand «A», Son Amour. Et il vient bouleverser l’idée que nous nous faisons de l’amour, celle que révèlent les affirmations des uns ou des autres au sujet de l’amour. Prenons-en quelques-unes, presque au hasard.

– 1ère affirmation: l’amour, c’est gratuit. Si j’aime vraiment, je ne puis concevoir cette relation d’amour comme une relation d’intérêt, comme un contrat.

– 2ème affirmation: l’amour ne se commande pas. Je ne décide pas de tomber amoureux. Ce sont des choses qui arrivent, incontrôlables. Et c’est ce qui fait le charme… et le drame de l’amour!

– 3ème affirmation: il faut vivre d’amour. C’est tellement romantique. Nous aimons les histoires d’amour… même si nous n’osons pas l’avouer.

Ces affirmations sont sans doutes vraies? sous un certain rapport. Mais est-ce le point de vue de Jésus qui vient, l’air de rien, mettre à mal nos idées toutes faites?

L’amour est gratuit. Mais certainement pas dans le sens où notre société l’entend, pas dans le sens où, comme c’est gratuit, je peux me servir à l’envi, je peux en user et en abuser. L’amour n’est finalement pas si gratuit que ça. En amour, il faut payer, payer de sa personne. Il faut donner, se donner. «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis». En amour, je ne paye pas pour obtenir l’amour, mais je paye pour le donner. Aimer, c’est prendre de soi pour le donner à l’autre, c’est prendre sa vie et la donner pour un autre, pour tous les autres.

L’amour ne se commande pas. Sans doute. Mais Jésus est formel aujourd’hui: «Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres». Dans les textes que nous avons entendus au cours de cette célébration, deux termes reviennent comme des leitmotive: Commandement et Amour. Nous voilà bien… L’amour ne se commande pas, certes, mais l’amour nous est commandé. Allons-nous faire comme si nous n’avions pas entendu? Faire comme d’habitude: aimer ceux qui sont loin, au bout du monde, et ne pas même saluer nos plus proches voisins?

Enfin, il faut vivre d’amour. Ça y est, ça nous reprend, le syndrome Sissi Impératrice? Ce que nous enseigne Jésus, c’est que l’on meurt d’amour. Il nous a montré le chemin. Quand on aime, on ne peut s’empêcher de souffrir pour ceux que l’on aime. On ne souffre pas pour ceux qui nous sont indifférents. Quand notre cœur aura fini de souffrir, c’est qu’il ne battra plus ou bien qu’il se sera complètement desséché. Alors nous serons comme des morts-vivants sur cette terre.

Frères et sœurs, il n’est jamais trop tard pour faire ressusciter notre cœur. Regardez le Sacré Cœur de Jésus, regardez le Cœur Immaculé de Marie! Ce sont deux cœurs qui souffrent, qui souffrent par amour. Pour nous, pour moi, pour toi.
Ne nous contentons pas de les regarder. C’est bientôt la Fête des Mères. Offrons notre cœur à Marie!

«Vierge Marie, en ce mois qui vous est consacré, je vous offre mon cœur. Faites-en ce qui vous plaira. Intercédez auprès de Dieu pour qu’il le rende semblable au vôtre, si bien accordé à celui de votre divin Fils. Donnez-lui d’être blessé d’amour, prompt à pardonner, toujours vaillant. Ô, Notre-Dame, ne méprisez pas ce cœur qui ne sait que trop mal aimer. Vous, la Mère du Bel Amour, donnez-lui de vivre de cette beauté toujours nouvelle de l’Amour de Dieu. Quel qu’en soit le prix. Amen.»